« La pratique sportive et la découverte du trail ont transformé mon regard sur ma vie. Entre quête de sens et dépassement de soi, chaque course est à la fois un défi physique et mental, une aventure humaine, intellectuelle et la chance inouïe de pouvoir faire ce que j’aime ! »

« J’ai 43 ans, je suis toulousaine, et au sortir de mes études de commerce, j’étais sur la route d’une carrière classique en entreprise comme consultante informatique. J’ai abordé mon virage vers le sport intensif en suivant une première formation au CREPS de Toulouse, j’avais alors 35 ans, et la suite de mon histoire est en partie liée à mes activités au sein de la CPAM que j’avais rejointe en 2013 comme Chargée de projet Prévention et promotion pour la Santé. Leur soutien et leur souplesse m’ont été d’une grande aide pour trouver le temps et les moyens de réaliser mon rêve. »

L’ultra-trail

le Jungle Ultra 2022, 230 km en autosuffisance en forêt amazonienne

« L’ultra-trail est une course en environnement naturel et en conditions extrêmes sur une distance d’ultrafond, c’est-à-dire supérieure à 80 km. Du froid extrême des pôles aux chaleurs de l’équateur, on est ainsi amené à surmonter les difficultés d’un parcours en jungle, d’un désert de glace ou de sable, et le tout en totale autonomie : cela signifie que c’est moi qui vais décider de mes pauses et de l’intensité de mes efforts, de la manière dont je vais me préparer, me vêtir, me nourrir. »

« C’est un entraînement intensif quotidien, et au fil du temps c’est tout simplement devenu pour moi une manière de vivre chacune de mes journées. »

« Cependant, malgré ce haut degré d’indépendance, je ne suis pas tout à fait seule. Au-delà des soutiens de mon entourage immédiat, le trail m’a permis de monter de nombreux projets annexes, de faire des belles rencontres, ici à Toulouse, mais aussi sur place, pendant les courses où, sur les tronçons les plus accessibles, des habitants et des bénévoles viennent nous prodiguer de précieux encouragements. »

Donner du sens

En tant que chargée de mission en prévention pour la CPAM, je fais la promotion auprès de publics cibles des grandes directives de santé publique énoncées par le Ministère de la santé. Je vais ainsi monter des projets très variés avec des acteurs locaux, des institutionnels, des associations, pour réaliser des dépistages des cancers organisés (sein, utérus, colon) et des campagnes de prévention pour sensibiliser les personnes en écart de soin. Souvent, ces actions vont se dérouler dans des quartiers populaires, mais aussi dans des structures d’accueil pour personnes en situation de handicap. Le volet social est donc très important.

En tant que coach sportive, au Sporting Village de Launaguet, je mets aussi à disposition de mes élèves mon expérience du trail pour la prévention des blessures, la préparation physique et mentale, la nutrition.

Je souhaite que mes activités en tant qu’athlète puissent prolonger et enrichir ces actions que je mène au sein de la CPAM et au Sporting Village. D’une manière plus globale, quand je monte un nouveau projet, je m’efforce chaque fois de trouver des connexions entre ma recherche de sponsors et un bénéfice supplémentaire, dans les sciences comportementales, dans la communication et la prévention ou dans la recherche scientifique.

Le Monde du silence, retour en images sur la course de Véronique Lievin en Laponie suédoise

Pour en donner quelques exemples, j’ai ainsi participé à des études sur l’hypoxie en pratiquant de tests à l’effort à l’Hôpital Purpan, j’ai testé des produits alimentaires (gâteaux à la spiruline), d’hygiène féminine, procédé à des tests de glycémie.

Les domaines possibles sont nombreux, et je suis toujours en recherche des bons contacts pour mettre en avant des produits cosmétiques, de réparation, de protection et d’entretien de la peau, de nutrition adaptée, d’hygiène, d’aide à la préparation de la course, d’équipements (montres, téléphones qui tiennent le choc, batterie longue durée pour frontale…).

Les retours peuvent être aussi d’image et de communication (visibilité, flocage). Des contre-parties sont possibles sous la forme d’interventions en séances de sport, collectives ou individuelles, pour les employés des entreprises participantes. Les ateliers d’athlétisme, par exemple, sont très demandés et par tous les publics.

Ma contribution peut aussi se faire à travers les médias. Par exemple, la CPAM a réalisé des podcasts et une très belle vidéo sur ma course en Laponie en 2023. Ces médias ont ensuite été diffusés sur son intranet.

C’est aussi cette envie de partager toutes ces connaissances, ces expériences, et de contribuer à l’action sociale et sociétale qui m’ont amenée tout récemment à devenir, pour ma plus grande fierté et mon plus grand plaisir, Ambassadrice de Toulouse, et à rejoindre La Maison du Sport au Féminin, qui a pour objectif de promouvoir plus d’égalité entre les hommes et les femmes dans le domaine du sport.

C’est un sujet qui me tient particulièrement à coeur. Il faut d’ailleurs savoir que les courses de trail sont mixtes. Et si le haut du classement est plutôt occupé par les hommes que leur musculature et leur physiologie prédisposent à un effort intense, on constate qu’en général les femmes font preuve de plus d’endurance et de résilience : plus les courses sont longues, plus les femmes remontent au classement !

Nouveaux défis

Des projets, je n’en manque pas, et si j’en trouvais le moyen, je testerais volontiers toutes les courses !

Jusqu’à présent, la course la plus difficile pour moi a été la Laponie suédoise, l’année dernière. J’ai vécu là-bas l’expérience d’une extrême solitude et d’une extrême vulnérabilité notamment pendant la traversée d’un lac gelé de 20 km, dans un univers entièrement noyé de blanc, sans ligne d’horizon visible et dans un froid intense…

Ma prochaine étape est prévue en juillet 2024 au Kirghizistan, en haute montagne. Ce sera ma première fois là-bas. Et je recherche encore des sponsors pour m’accompagner dans cette aventure !

En octobre, c’est le Grand Raid de La Réunion, surnommé à juste titre la Diagonale des Fous, l’un des trails les plus durs au monde. Ce serait ma quatrième participation avec l’ambition de battre mon propre record.

En 2025, j’envisage une course à l’île de Flores en Indonésie, un parcours de 330 km en complète autonomie, c’est-à-dire sans aucune assistance sur place.

Enfin, mon rêve serait de participer au Great World Race, une course unique en son genre puisqu’elle propose à ses participants un tour du monde du trail sous le format : 7 Marathons en 7 jours sur 7 continents différents !


Interview réalisée le 12 avril 2024 de Véronique Lievin, athlète ultra-trail, Chargée de projet Prévention et promotion pour la Santé – CPAM de Toulouse. Publication pour la Newsletter du Club des Ambassadeurs de Toulouse Métropole – Photo bannière : © Muriel Martin – Photos article : © Bjorn © Kris © Willbaldlygo – Avril 2024 – Réalisation : Iriade, iriade.fr.