« Je pense que pour mieux comprendre la complexité de nos sociétés contemporaines, un universitaire doit interagir avec le monde aussi souvent que possible. Mes activités appliquées consistent à aider les décideurs politiques et les entreprises dans leur transition numérique, leurs choix d’investissement et plusieurs autres processus décisionnels clés. » C’est ainsi que Pierre-Alexandre Balland décrit son travail de chercheur. Économiste français formé à Toulouse, Ambassadeur de la Ville rose, il est aussi l’un des meilleurs experts européens des systèmes complexes, de l’avenir des villes, de l’intelligence artificielle et des technologies blockchain, professeur à l’université d’Utrecht (ayant précédemment occupé des postes au MIT et à l’UCLA), professeur invité au Centre d’apprentissage collectif de l’Institut d’intelligence artificielle et naturelle de Toulouse (ANITI) et chargé de recherche au Centre d’études des systèmes complexes. Il est également membre du groupe d’experts ESIR qui conseille la Commission européenne sur sa politique d’innovation, et depuis 2018, il est co-fondateur de la société Argos Strategy Group qui développe des logiciels et des systèmes de recommandation pour les entreprises. »

« Je suis né à Toulouse où j’ai fait toutes mes études jusqu’au doctorat en 2010. Très tôt dans mon enfance, je me suis intéressé à la question des inégalités sociales. Je me posais des questions simples mais finalement fondamentales, telles que : d’où vient que certaines personnes sont riches et que d’autres sont pauvres ? C’est probablement à cette période de ma vie que remontent mes premières marques d’intérêt pour les sciences économiques, et finalement, c’est un sujet que je continue d’étudier encore aujourd’hui ! »

« Nous vivons désormais dans une économie globalisée, les technologies de l’information nous permettent de nous connecter très facilement à distance à travers toute la planète. Pourtant, on observe une hausse de plus en plus forte de la compétition et des inégalités, notamment territoriales, entre les pays, les régions, les villes. Dans ce contexte, la croissance économique d’une région est directement liée à sa capacité d’innovation. Or, on voit l’innovation se concentrer de manière disproportionnée dans quelques endroits dans le monde tels que la Silicon Valley, berceau de l’industrie informatique. Cette concentration répond nécessairement à un besoin de proximité entre les entreprises et les personnes qui produisent de l’innovation. Mais de quelle formes de proximité parlons-nous réellement lorsque nous examinons ce phénomène de concentration géographique ? »

« En tant que chercheur, je m’intéresse à l’impact de ces questions sur la croissance économique et la résilience des territoires, aux conséquences de la diversification et de l’usage des nouvelles technologies. J’analyse, par exemple, ce qui motive le transfert de connaissances entre organisations, j’étudie la structure et la dynamique des réseaux de connaissances dans un contexte géographique donné en combinant des théories de la géographie économique avec des modèles et des concepts de la science des réseaux. »

« Les pôles et bassins d’innovation les plus dynamiques sont aujourd’hui les plus grands exportateurs de biens culturels, médiatiques, digitaux, et ce sont eux qui développent le plus fort taux d’attractivité. La population de la Silicon Valley par exemple est constituée à 60% d’étrangers, c’est un véritable aimant à talents ! »

« Prenons l’exemple de Toulouse, je vois 3 avantages-clés en faveur de la Ville rose :

  1. En premier lieu, Toulouse bénéfice d’une vraie dynamique de ville : les gens aujourd’hui décident de vivre où ils veulent, grâce aux technologies de l’information ils peuvent plus facilement travailler en remote. Or Toulouse a de puissants arguments de qualité de vie à faire valoir. On observe d’ailleurs, à plus large échelle, une résurgence des zones méditerranéennes, liée directement à ce phénomène. La beauté de la Ville rose, sa douceur de vivre sont, pour moi, les premiers arguments à faire valoir auprès des publics étrangers.
  2. Second atout très important : Toulouse abrite le deuxième pôle de recherche et d’enseignement en France. On y trouve une grande qualité d’enseignement, des écoles d’ingénieurs de premier plan, des industries puissantes portées par des leaders mondiaux, comme Airbus pour l’aéronautique et le spatial. Cela représente un potentiel technique très important, une vraie richesse pour la métropole, un vivier de savoirs et de talents qui favorise également l’innovation à travers l’émergence de nouveaux projets, de nouvelles entreprises. Les étudiants ne sont pas à négliger, beaucoup d’entre eux souhaitent vivre à Toulouse au terme de leurs études, parfois en choisissant la voie de l’entrepreneuriat. Ce sont, eux aussi, des ambassadeurs très actifs de la ville de Toulouse.
  3. Enfin, dans le contexte économique actuel, il est essentiel que les villes investissent et se diversifient dans les secteurs de demain. À l’instar de Seattle, qui est devenue, en vingt ans, à la fois la ville de Boeing, mais aussi de Microsoft, d’Amazon et de Starbucks… Toulouse peut se réinventer en combinant des compétences world class dans les nouvelles technologies sur des secteurs fondamentaux comme l’Intelligence Artificielle, l’IOT, la robotique, l’avionique, les systèmes embarqués, tout en allant chercher des logiciels et des systèmes de recommandation qui, pour être efficaces, doivent faire appel à la fois, à l’heuristique des systèmes complexes, à la science des réseaux et aux techniques de l’IA . C’est vraiment, aujourd’hui, la clé du succès pour une grande métropole comme Toulouse. »