[Interview] François Delarozière – Bienvenue à Long Ma, le Cheval-Dragon de Pékin !
Depuis le 19 avril et jusqu’au 8 mai 2022, Long Ma, le Cheval-Dragon de Pékin, séjourne à la Halle de la Machine, quartier Montaudran, où le public toulousain est invité à le rencontrer en compagnie de son hôte, le Minotaure Astérion. Les 16 et 17 avril, ces Machines joueront sur la Piste des Géants un nouveau chapitre de leur histoire dans un grand spectacle inspiré de la légende chinoise de la déesse Nüwa.
À cette occasion, leur créateur, François Delarozière, raconte : « Créatrice de l’humanité la déesse Nüwa est inquiète pour les Hommes qu’elle a façonnés. Face aux dérèglements des forces de la nature, un trou s’est formé dans le ciel, ouvrant un passage aux créatures d’autres mondes. Nüwa missionne son émissaire Long Ma pour refermer le trou dans le ciel, mais le Cheval-Dragon devra pour cela déjouer les pièges de l’araignée géante… »
L’arrivée du Minotaure à Toulouse et le spectacle Le Gardien du Temple
« L’aventure toulousaine a commencé en novembre 2018, avec un opéra urbain qui a vu le Minotaure en quête de ses ailes, guidé par l’Araignée Ariane, arpenter les rue de la Ville rose, son nouveau labyrinthe, pour trouver finalement refuge à la Halle de la Machine, à Montaudran. Ce périple a donné lieu à des scènes marquantes comme l’Araignée accrochée aux murs de l’Hôtel-Dieu, ou le Minotaure investissant la Place du Capitole.
Un spectacle vivant de cette ampleur demande jusqu’à 6 mois de préparation. 80 personnes ont été directement embauchées, les Véritables Machinistes qui entretiennent, pilotent et actionnent nos Machines pour leur donner vie ; s’y ajoutent une soixantaine de bénévoles, principalement nos “patateurs”, dont le rôle
est d’encadrer le cortège d’un cordon de sécurité, un choeur de 50 musiciens et un ténor qui jouent et chantent en direct pendant toute la durée du spectacle, sans oublier les équipes municipales, de la Préfecture, de l’Office de Tourisme, soient plus de 350 personnes qui participent activement à l’organisation de l’événement. »
« Avec plus de 900 000 visiteurs qui ont dépensé chacun entre 15 et 20 euros en moyenne pendant la manifestation, les retombées ont été très bénéfiques pour l’économie locale : hôtels, restaurants, boutiques, épiceries, etc. »
La Halle de la Machine
« Aujourd’hui, la Halle de la Machine emploie 35 salariés permanents pour son fonctionnement, notamment pour la maintenance des Machines qui, je le rappelle, sont des objets uniques, des prototypes embarquant beaucoup de technologie et nécessitant donc des compétences spécifiques pour leur création puis pour leur entretien.
Tout notre travail se concentre autour d’un objectif unique : créer de l’émotion par le mouvement. C’est un propos à la fois d’ordre artistique et plastique, et même si on s’inspire des méthodes et des technologies développées pour
l’industrie, nous restons des sculpteurs qui produisons non seulement des machines de spectacle, mais aussi des machines de vie : chacune d’elles est une architecture en mouvement ; le Minotaure transporte sur son dos jusqu’à 50 personnes ! »
« Mise en mouvement, émotion et sensation de merveilleux sont ainsi mis en scène : au cours de ces promenades, les spectateurs deviennent des acteurs de l’événement, ce qui, surtout à cette échelle, est une démarche assez unique au monde. »
Des Machines en mouvement dans l’espace urbain…
« Également, dès notre création, nous avons voulu que nos Machines s’inscrivent dans le plan urbain de la métropole d’accueil. À Toulouse, la Halle de la Machine a été construite pour accueillir le Minotaure sur un site emblématique de l’histoire de la ville, à proximité de la Piste des Géants, les Pionniers de l’Aéropostale.
Outre le thème du gigantisme, et le fait que le Minotaure toulousain possède des ailes, il y a des points de contact très forts entre l’aéronautique et nos Machines, qui relèvent à la fois des arts et de l’industrie : elles sont en effet façonnées par nos artisans à partir
de matériaux nobles (bois, acier, cuir, cuivre…) mais aussi par des ingénieurs en robotique, en aéronautique, et en technologies de la communication (capteurs, effets pyrotechniques, motorisation, etc.). Les ailes, par exemple, du Minotaure ont été réalisées par Daher à Nantes, et ce sont des pièces uniques. »
et à travers le monde !
« Enfin, partant de Montaudran et suivant le trajet légendaire de l’Aéropostale, je rêve d’amener un jour le Minotaure de Toulouse à Buenos Aires, la ville de Jorge Luis Borges qui est aussi l’auteur d’une des plus belles réécritures du mythe d’Astérion, le Minotaure crétois (1).
« En attendant, c’est le Cheval-Dragon Long Ma qui a fait le voyage depuis la Chine jusqu’à Toulouse pour quelques semaines de villégiature qui culmineront avec un spectacle les 16 et 17 avril 2022 sur la Piste des Géants, et des promenades en public (35 personnes peuvent s’embarquer sur son dos) jusqu’au 8 mai ! »
Long Ma a été construit en 2014 et financé par le mécène Adam Yu (société Winland), passionné par l’opéra et la culture européenne. Au total, 45 personnes et plus de 30 corps de métiers différents ont oeuvré à sa fabrication: automaticien, hydraulicien, électricien, menuisier, ébéniste, charpentier, peintre, sculpteur, soudeur, serrurier, chaudronnier, spécialiste des effets spéciaux, du son, de la lumière, de la musique,
comédien, descendeur, ingénieur calculs, concepteur…. Une fois montée et testée en conditions réelles à Nantes, Long Ma a été affrétée dans l’avion le plus grand du monde – un Antonov 124 – jusqu’à Pékin, où elle a été remontée pour un spectacle grandiose donné à l’occasion du 50e anniversaire des relations France-Chine, qui a réuni plus d’1 million de visiteurs en 3 jours au stade olympique. »
Bienvenue à Long Ma, le Cheval-Dragon de Pékin !
« Depuis lors, entre 2015 et 2017, Long Ma a arpenté les rues de Pékin, Ottawa, Nantes et Calais, et le voici à Toulouse, pour la première fois ! À cette occasion, Le Cheval-Dragon sera équipé d’un Temple, inspiré de l’architecture de la Cité Interdite et orné de figurines à l’effigie des signes du zodiaque, qui lui permettra d’embarquer pour la première fois du public sur son dos (du 14 avril au 8 mai) ! »
« Véritables figures de proue à l’échelle urbaine, les Machines, Long Ma, Astérion et Ariane, sont aussi les ambassadrices géantes de Toulouse, au croisement des arts traditionnels et de la haute technologie, du spectacle et de l’urbanisme, à l’image d’une ville savante et vivante ! »
(1) Jorge Luis Borges, La Demeure d’Astérion, in L’Aleph, collection « L’imaginaire », Gallimard, 1949, 1967.
Interview de François Delarozière, La Cie La Machine. Publication pour la Newsletter du Club des Ambassadeurs de Toulouse Métropole – Mars 2022 – Réalisation : Iriade, iriade.fr.